La Saintélyon doyenne des courses de fond françaises – Michel Delore

Michel DELORE, auteur de « Running – Du jogging au marathon », vous propose une série de trois articles consacrés à la Saintélyon.

 Deuxième étape : historique et présentation générale de la course.

Quand le samedi 26 janvier 1952 une quinzaine de courageux s’élancèrent de Lyon pour rejoindre Saint-Etienne par les petites routes et les sentiers des Monts du Lyonnais sur 70 km, ils ne pouvaient pas imaginer que cette épreuve deviendrait 64 ans plus tard la plus grande course nature de l’hexagone en nombre de participants.

Seuls 13 concurrents furent classés. Le raid se déroulait alors en deux étapes avec hébergement dans de petites auberges de campagne. Le sens était inversé chaque année, mais on disait toujours Lyon-Saint-Etienne plutôt que Saint-Etienne-Lyon. Les buts du raid :

  • Permettre aux cyclotouristes et cyclosportifs de la région de rester en forme durant la « mauvaise saison ». Les hivers étaient alors très froids, enneigés, et la pratique du vélo difficile l’hiver venu.
  • Resserrer les liens d’amitié entre sportifs des deux villes. Non, vous ne rêvez pas : c’est seulement dans le foot que l’on siffle l’adversaire et que l’on caillasse les voitures adverses. Dans l’athlétisme et le cyclisme, les clubs s’entendent comme des frères. Et sur le plan économique, les Chambres de commerce et d’industrie des deux villes viennent de fusionner. De ce fait, un grand club d’athlétisme stéphanois participe à l’organisation du départ au Parcexpo de Saint-Etienne, outre des bénévoles stéphanois.

Les concurrents devenant de plus en plus aguerris, l’épreuve se déroula ensuite d’une seule traite avec départ le dimanche à 0 heure.

Personne n’imaginant que l’on puisse courir 70 km sans s’arrêter, la marche était recommandée puis bientôt obligatoire : une personne surprise en train de courir pouvait être disqualifiée !

Le nombre des concurrents plafonna jusqu’au début de la décennie 1970. En 1977, ils étaient 850 puis 2500 l’année suivante. C’est à cette époque que le « style libre » (course ou marche) fut autorisé.

De 7 h 25 min à la marche en 1975, je suis descendu à 5 h 35 min en 1977 dans le sens Lyon-Saint-Etienne : nous fûmes certainement les premiers en Europe à courir aussi longtemps dans une épreuve nocturne tout-terrain. Je n’imaginais même pas que ce fut possible : pratiquant aussi la marche athlétique au niveau national, j’avais prévu de marcher dans la seconde moitié de l’épreuve. Et comme les autres concurrents, je m’aperçus que courir 70 km n’était pas impossible et n’avait rien d’inhumain…

Le nombre des participants grimpa vite à 4000 avant de stagner quelques années puis de bondir avec la grande vogue du running : 6000 aujourd’hui et dans un seul sens, Saint-Etienne-Lyon, plus facile à organiser. D’où le nom finalement adopté de « Saintélyon ».

Contraints de refuser des inscriptions et tenant compte aussi que nombre de personnes n’ont pas l’entraînement suffisant pour courir 70 km avec un dénivelé positif de 2000 mètres, la société Extra et le club « Le cyclotouriste » (propriétaire de cette pépite) proposent maintenant des épreuves annexes :

  • la Saintexpress sur 44 km (départ du village de Sainte-Catherine),
  • la Saintésprint sur 22 km (départ du village de Soucieu-en-Jarrest),
  • des relais à deux, trois ou quatre.

Mais pourquoi donner le départ à 0 heure ?

  • Parce qu’il est magique de voir, la nuit, des centaines et maintenant des milliers de petites lampes ;
  • Afin d’éviter de se lever à 5 heures du matin et (pour beaucoup) de passer la ligne d’arrivée en fin d’après-midi, causant un retour tardif au domicile (surtout pour ceux et celles qui doivent se lever tôt le lundi).

Rares étant les grandes courses en fin d’année, la Saintélyon a encore de belles années devant elle !

Pour en Savoir plus :

Running – Du jogging au marathon

Michel DELORE

Editions Amphora

A834

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