Eh bien ça y est ! À force de travail, de temps, de sueur et de conflits plus ou moins larvés avec votre conjoint(e), votre banquier(e) et votre pro(ette), vous y êtes parvenu : vous êtes un(e) vrai(e) golfeur(euse) ! Le grip ? Un jeu d’enfant ! L’alignement ? Une plaisanterie ! La dynamique du swing ? Une formalité ! Tout ça, c’est votre pro qui vous l’a appris.
Bien évidemment, pour y arriver, il s’est appuyé sur ses propres connaissances mais aussi sur les travaux ou les témoignages de joueurs et de pédagogues célèbres. John Jacobs, Ben Hogan, Bob Toski, David Leadbetter, Jimmy Balard, Butch Harmon ou Jim Maclean, il les a tous étudiés et plus rien ne vous échappe concernant la mécanique du jeu.
Enfin presque… car même lorsque vous donnez le meilleur de vous-même, certains coups vous tiennent tête et vos balles se mettent à « slicer » bien malgré vous. Bien entendu, vous savez que ce slice est un affreux amalgame entre un mauvais plan de swing (ou chemin de club) et une face de club qui ne sait plus comment revenir square, mais vous en revenez souvent à une question à laquelle personne ne vous a jamais donné de réponse : lequel des deux, plan de swing ou face de club, est-il le grand coupable ? Est-ce un mauvais travail de la face du club qui entraîne un plan de swing de compensation ou est-ce un mauvais plan de swing qui impose sa réaction à la face du club ?
Inutile de se mentir : ça, personne n’en parle.
Pourtant, s’il y a une question fondamentale qui concerne les joueurs de tous niveaux, il s’agit bien de celle-là !
Sa réponse (une fois n’est pas coutume) ne nous vient pas du Driving Range d’Augusta ou de Pebble Beach mais du fond de cartable d’un homme beaucoup moins connu du grand public : Dave Tutelman. Inutile de chercher son nom au palmarès d’un tournoi quelconque, l’homme joue à peine au golf. Avec son compère Trackman (celui des radars), ils font cependant la loi dans l’univers des techniciens et des professionnels du jeu.
Son métier ? Recouper la réalité des lois physiques et balistiques avec le jeu de golf. Et là, notre ami nous offre à chaque fois un énorme coup de frais, c’est-à-dire un nettoyage de printemps aux allures de cyclone tropical.
Dave Tutelman est un sage pragmatique. Lorsqu’on lui dit quelque chose à propos du golf, il revêt sa blouse de chercheur et procède à des tests pour en vérifier la véracité. Il ne se trompe jamais. Mieux encore, il n’a peur d’aucun résultat et affronte tous les problèmes avec une impudeur toute scientifique. Et concernant notre fameuse question, Dave Tutelman a tranché. Ou plutôt Dieu, Isaac Newton et Dave Tutleman ont tranché : le plan de swing (que nous devons tout de même dissocier de la notion de « chemin du club » puisque celle-ci inclut l’angle d’attaque) n’a pratiquement aucune influence sur la trajectoire de la balle alors que l’orientation de la face du club à l’impact conditionne à plus de 95% cette dernière.
Il s’agit bien évidemment d’une énorme surprise. Elle met à bas près d’un siècle de recherches et d’enseignement et nous force à réaliser que nous nous sommes engagés bien naïvement sur une voie sans issue en ayant, de plus, l’impression de maîtriser le subtil.
L’humilité fait partie de ces valeurs que notre sport véhicule. Preuve est faite que celle-ci ne s’acquiert pas forcément avec un club à la main…
Sage pragmatique, c’est certain. Et humaniste aussi car dans un article de grande qualité consultable sur son site (www.tutelman.com), Dave Tutelman a la délicatesse de dire que « si l’influence du plan de swing sur la trajectoire de la balle est quasi nulle, elle reste cependant le moyen le plus intelligent de faire comprendre le phénomène des effets, puisqu’elle permet de disséquer la trajectoire de la balle en deux parties (sens de départ et sens d’arrivée) avec deux responsables clairement définis : le chemin du club et la face de ce dernier, même si le premier des deux n’est finalement qu’une vue de l’esprit ».
Une façon élégante de dire que mentir n’est pas si grave dès lors que c’est pour la bonne cause…