Æquilibrium

À travers son nouveau livre publié aux éditions Amphora et intitulé « Æquilibrium », Patrick Guyot, éternel jeune homme de près de 60 ans, transmet de manière claire une voie afin d’améliorer son équilibre, et ce tant dans son quotidien que dans sa pratique sportive.

– Quel est l’objectif de votre livre ?
L’objectif du livre est de proposer un engagement sportif, afin d’agir concrètement sur son bien-être, sur sa santé et ses aptitudes physiques et mentales. Cette voie doit s’intégrer dans son quotidien autant qu’au travers de séances sportives pertinentes. Cette dernière option s’entend, en intégrant quelques exercices ciblés afin d’apprendre à maintenir différentes formes d’équilibres : sur les mains ou sur un Swiss-ball, sur une jambe ou sur un plateau de proprioception, sur une slackline, etc.

– Quel est le grand message du livre ?
L’équilibre est en toute chose : de l’univers jusqu’à chaque minuscule cellule qui nous compose. Nous dépendons donc entièrement de l’équilibre de ce qui nous entoure pour survivre : l’air, la nature, l’eau, les plantes, les animaux… Nous dépendons plus concrètement de l’équilibre de nos propres vies à travers ce que nous mangeons, ce que nous pensons, la manière avec laquelle nous agissons… Ainsi et par exemple, il est vain de développer ses biceps, son endurance, sa technique sportive ou encore ses connaissances intellectuelles sur le monde et soi-même si on a une vie et un corps déséquilibrés. Si certains de mes muscles sont trop faibles ou trop raides par rapport à d’autres, si mon souffle ou mes aptitudes sont un monde inconnu, si ma posture, mes mouvements, mes perceptions sont contraires à ce que je suis vraiment, je suis donc faible, en stress biologique permanent et en danger. Je risque aussi de me blesser n’importe quand. Ainsi, j’accélère sans même le savoir ma propre dégénérescence et je vieillis plus vite, m’use plus vite et facilite l’intrusion et le développement en moi de tout ce qui pourrait me nuire, m’abimer, me détruire et me tuer : les maladies, les blessures, les usures prématurées de mes systèmes…

– L’équilibre, est-ce avant tout se fondre dans un contexte et dans des éléments extérieurs ? Est-ce un moyen de combattre cette dégénérescence progressive ?
Nous sommes ce qui nous entoure et si nous n’étions pas déjà en équilibre avec tous ces éléments extérieurs, nous ne serions pas ! Les humains tendent à rompre eux-mêmes cette relation naturelle et harmonieuse avec ce monde qui leur donne vie et cela survient par la faute d’un cerveau omniprésent et autocrate qui nous impose des agissements parfois contraires à toute logique. L’homme possède tout pour être heureux et pourtant il fait tout pour nuire à sa propre espèce. Ainsi, non content de nuire à l’évolution, il se détruit lui-même sans s’imaginer une seule seconde qu’il en est le principal responsable. A contrario, agir positivement sur nos pensées et nos actes permet notre harmonisation intime et notre fusion environnementale avec autrui et la nature. Ainsi, nous prouvons freiner naturellement et sans vaines souffrances nos dégénérescences prématurément annoncées.

– Il est clair à la lecture de votre livre que l’équilibre est central dans la vie de chacun, sur le plan physique et mental. Quels sont les grands avantages de développer l’équilibre ?
Développer son équilibre permet de se réapprendre, de retrouver sa posture originelle. Regardez tous ces enfants qui courent, sautent et gesticulent en ce monde, diriez-vous que leur plus grande peine est qu’ils souffrent du dos ? Pourtant en France et dans tous les pays développés, nombre d’adultes souffrent du dos. C’est la conséquence de mauvaises postures au repos ou pendant leur activité professionnelle, ou de leur inactivité physique (en ne faisant pas de sport) ou encore de leur activité sportive inadaptée, incompétente ou agressive. Ou encore le surpoids, les faiblesses musculaires, une respiration inadaptée, des pensées néfastes… qui sont autant d’autres causes du mal de dos. Le mal de dos n’est qu’un exemple parmi mille autres de ces vaines souffrances qui éloignent nombre de personnes de leur harmonie personnelle et de leur équilibre physique. Développer son équilibre, c’est ainsi réapprendre à se ressentir dans sa verticalité : si je deviens un être équilibré donc sain en pensée, au quotidien et lors de mes agissements physiques et sportifs, je ne souffrirai pas, ne me blesserai pas et je vivrai longtemps en bonne santé ! Un sens de l’équilibre développé est une composante essentielle et prioritaire pour la santé et le bien-être. Il est également un facteur déterminant, souvent méconnu, de la performance sportive. Améliorer son équilibre augmente la confiance en soi, le courage et la concentration, tout en optimisant les fonctions cognitives telles que la coordination. Les stimulations musculaires (par un travail de gainage spécifique, de force lente et d’endurance) développeront grandement les aptitudes physiques, aideront à obtenir une meilleure posture et atténueront les douleurs quotidiennes. Elles permettront de réaliser des gestes plus justes et efficaces, tout en limitant les risques de chute et de blessure.

– En quoi l’équilibre permet de s’adapter à de nombreuses situations ?
Si l’on se connaît, se ressent et si l’on est aussi fort que possible, on n’est donc que rarement en danger physique ou mental. Puisqu’avec humilité, lucidité et compétence, on ne sera pas victime d’un environnement inconnu, d’un autre aux intentions douteuses ou pire encore de soi-même.

– Peut-on affirmer que votre approche intègre plusieurs concepts : le renforcement musculaire, la musculation, l’entraînement physique très complet comme le street workout, le parkour mais aussi une approche mentale à travers des concepts proches, entre autres, du Yoga ?
Tenter d’isoler, de cloisonner, d’emprisonner et de limiter nos aptitudes physiques et mentales, voilà la voie qu’utilisent les marchands du temple en s’opposant les uns contre les autres. Aucune technique ou méthode n’est meilleure ou plus indispensable qu’une autre, elles sont toutes complémentaires, car notre corps d’humain est semblable à tous et requiert les mêmes besoins. Les parties de mon corps que je ne développe pas, que je n’utilise pas ou mal, que je néglige ou que j’agresse, contribuent à m’affaiblir. La valeur d’une chaîne n’est pas dépendante du nombre de ses maillons ou de la valeur des plus forts, mais de la résistance réelle du plus faible et c’est celui-ci qui démontre la véracité de l’équilibre. Autrement dit, seule l’harmonisation par des efforts polyvalents et donc en sollicitant différemment notre corps sous différentes sensations, intensités, gestuelles, permet d’atteindre l’équilibre.

– D’après vous, il est donc essentiel de pratiquer diverses activités sportives et de ne pas se cantonner à une seule ?
Privilégier une seule activité ou un seul sport, c’est comme privilégier un seul aliment ou un seul mode de pensée. C’est d’après moi une démarche destructrice. Aucun sport ou activité physique n’a le monopole de l’épanouissement. Chacun peut certes avoir des affinités plus ciblées mais sans jamais oublier d’aller pratiquer par ailleurs d’autres voies complémentaires afin de s’améliorer et d’équilibrer ses aptitudes.

– Est-ce l’idée d’un corps en harmonie avec les éléments extérieurs qui prédomine dans votre livre ?
Un corps sain et en paix est un corps optimisé et rayonnant de bien-être. Cela implique bien sûr le mental ! Cette harmonie se traduit alors par nos pensées, nos paroles et nos actes. Tout cela a une incidence sur notre relation au monde et à ce qui nous entoure.

– Comment contrôler son corps en toutes circonstances et éviter les chutes, puisque c’est l’un des intérêts de l’équilibre selon vous ?
Afin de se contrôler, il est avant tout indispensable de se connaître réellement et autant que possible par l’expérience actée et par la pratique sportive. Il faut donc se connaître tout autant que l’environnement. Ensuite, il faut agir avec compétence et humilité afin de s’améliorer.

Concernant les chutes quotidiennes ou sportives, même les enfants chutent, tout comme les animaux, et pourtant rares d’entre eux se blessent !
Car leur corps est souvent leur meilleure protection, puisque non affaibli par une prédominance cérébrale conditionnée trop imposante, un déséquilibre musculaire trop avéré ou encore des peurs incontrôlables qui provoquent des blocages et des raideurs stressantes lors du déséquilibre. Ils sont avant tout dans une démarche naturelle, presqu’insouciante (dans le bon sens du terme) et malgré tout en harmonie et en équilibre. Pour les adultes, l’important est de limiter les chutes qui augmentent les risques de blessures au quotidien. C’est tout autant le cas pour les sportifs en action que pour toutes ces personnes qui tombent chaque jour chez eux ou dans la rue et se brisent. Toutes ces chutes engendrent des conséquences négatives, parfois indélébiles sur leurs aptitudes physiques et mentales. Pour autant, chuter s’apprend et devient alors une aptitude. A contrario, chercher à ne jamais chuter est vain et risque de créer un stress inutile. Il est plus important d’harmoniser nos comportements avec nos aptitudes réelles. Afin d’augmenter nos aptitudes et nos compétences sans pour autant augmenter les risques, il suffit de s’entraîner et de s’améliorer tant sur ce que l’on est que sur ce que l’on ressent de soi-même. Enfin, des muscles forts, un corps souple, des aptitudes à ressentir son corps en toute position, une respiration saine… offrent une connaissance de soi et un contrôle équilibré de sa propre nature.

– En quoi les bénéfices sont-ils intéressants à tout âge ?
Connaissez-vous ce dicton populaire : « Et si jeunesse savait, et si vieillesse pouvait ! » Alors imaginez-vous posséder les mêmes aptitudes physiques et mentales à 20 ans qu’à 70 ans ! Le monde ne vous semblerait-il pas merveilleux et empli de promesses ? Pensez-vous que vos rêves n’auraient alors pas d’infinies chances de pouvoir se réaliser de votre vivant ? S’occuper de soi avec lucidité, c’est conserver sa santé, sa forme, son autonomie, son équilibre de vie et donc sa liberté et cela n’est pas rien.

– Faut-il avant tout se faire confiance et gagner un peu en insouciance pour accepter de tomber et d’échouer dans un premier temps pour finalement progresser ?
Quel animal, fusse t-il humain, n’a t-il pas trébuché lors de ses premiers pas, puis ses premières actions ? C’est l’essence même de la vie ! On progresse en acceptant, en s’acceptant, en prenant des risques, en expérimentant, en chutant… Puis en se relevant, en s’enrichissant de nos erreurs, en les prenant en compte et en les combattant. L’erreur de l’humain est de tendre vers un but alors qu’il suffit de tendre vers une direction.

– Est-ce un moyen de rappeler qu’il est essentiel de prendre soin de son corps, de le faire bouger mais de manière précise ?
Il est évidemment essentiel de prendre soin de soi. Puisque délaisser son corps c’est se détruire encore plus vite, et donc il ne s’agit pas de choix mais d’impératif, si l’on espère bien sûr vivre longtemps en forme et en bonne santé. Pour autant et dans notre investissement sportif, à quoi sert d’avoir des muscles ou des aptitudes dix fois plus forts que nécessaire à notre santé et à notre bien-être ? Il est donc primordial d’apprendre à discerner ce qui nous est essentiel, de supprimer ce qui est vain et destructeur et de savoir comment faire les choses avec compétence, lucidité et humilité.

– En quoi est-il essentiel de prendre conscience que nous pouvons avoir une action sur notre corps afin de maîtriser son évolution, ses réactions, nos émotions ?
Notre corps, et fort heureusement pour notre survie, est responsable et en grande partie autonome. Nous ne devrions que nous contenter de lui apporter un peu d’énergie alimentaire, un peu d’eau, de l’air sain et quelques sensations agréables nourrissant des émotions bienheureuses et ainsi notre vie serait un bonheur permanent, au moins sur le plan de notre for intérieur et de notre santé, ce qui ne serait déjà pas si mal. Autrement dit notre corps ne nous veut pas de mal et bien au contraire. Il n’a aucun intérêt à gémir, souffrir et peiner. Il est notre meilleur ami mais selon nos comportements peut aussi devenir notre pire ennemi. Plus mon corps est fort, plus il m’obéit. Plus mon corps est faible, plus il me commande.

– Votre livre est-il tout simplement le moyen de se questionner sur le rapport que nous entretenons avec notre corps ?
Ma proposition dans mes livres est le développement personnel réel et non illusoire. Ainsi, je ne crois qu’aux actes car seuls ces deniers permettent un changement avéré et c’est pourquoi j’utilise le corps par le biais du sport, afin de toucher l’âme et le cerveau. En perdant peu à peu les aptitudes optimales de notre corps, notre vie peut se retrouver d’autant limitée et refermée sur nos peines et souffrances, annihilant ainsi inexorablement nos rêves et nos espoirs. Notre corps est notre unique richesse et si chacun d’entre nous en prend acte en vérité afin de tout mettre en œuvre pour s’équilibrer en soi autant qu’envers les autres et la nature, alors notre présent générera des futurs merveilleux.

Laisser un commentaire