Une solide expérience d’entraîneur et une renommée qui a dépassé les frontières de l’hexagone, à bientôt 73 ans, Jacques Piasenta a développé une parfaite connaissance du sport de haut niveau. Celui qui fut l’entraîneur de grands noms de l’athlétisme français comme Stéphane Caristan, Marie-José Pérec, Christine Arron ou encore Muriel Hurtis, publie aux Editions Amphora un nouveau livre intitulé « Sport – Pour une culture de la gagne ». Un recueil d’expériences et de conseils à la portée de tous les sportifs amateurs en quête de progression dans leur discipline, mais aussi à destination des athlètes de haut niveau.
« Le livre se décompose en plusieurs parties : une partie pour tous les sportifs dont l’objectif n’est pas simplement de gagner mais plutôt de s’accomplir dans la pratique de son sport. C’est pour cette raison que j’ai nommé cette première partie « 40 idées force pour une culture de la réussite sportive ». La seconde partie du livre est destinée aux athlètes de haut niveau. Je l’ai intitulée « Les 8 piliers de la gagne au plus haut niveau ».
Le rôle central du coach
Tout au long du livre, les sujets abordés par Jacques Piasenta rappellent que l’entraîneur joue un rôle prédominant dans la réussite de tout sportif et à tous les niveaux.
« Tous les conseils que je transmets dans le livre sont le fruit de ma longue carrière d’entraîneur, mais aussi de mon expérience dans la gestion de groupes de tous niveaux. Le rôle de l’entraîneur est très important dans le livre car le coach est l’un des acteurs principaux du dispositif qui doit conduire l’athlète à progresser. J’ai toujours considéré ma fonction d’entraîneur comme un hobby voire une passion. Mon défi a toujours été de m’adapter à des publics très différents. Mes journées d’entraîneur ont longtemps été rythmées par la gestion d’athlètes à fort potentiel national, voire international, mais aussi d’athlètes amateurs qui venaient s’entraîner après une longue journée de travail. Chacun pouvait s’accomplir à sa manière à travers la pratique de l’athlétisme et progresser en fonction de son aptitude ou de son investissement personnel. Le livre est à l’image de ces profils très divers. Cette pluralité est aussi facteur d’équilibre pour l’entraîneur. Car préparer des sportifs à des objectifs personnalisés dans des disciplines ou des spécialités diverses et des niveaux de performance très différents requiert une organisation d’une grande complexité pour l’entraîneur. »
Définir « la gagne »
Jacques Piasenta donne une définition très riche de la « gagne ». Si elle est synonyme de titre, de médailles et de performances pour l’athlète de haut niveau, elle est essentiellement source d’accomplissement personnel pour le sportif amateur.
« La culture de la gagne est une conception très riche. La gagne ne concerne pas uniquement les grands champions qui remportent des titres comme Usain Bolt. Sinon il n’y aurait que peu de vainqueurs et essentiellement de nombreux vaincus. C’est une conception plus vaste qui concerne tous les sportifs et à tous les niveaux. Parvenir à parcourir les 42,195 km d’un marathon, même en 4 ou 5 heures, représente une conception solide de la gagne et de la réussite. Toute performance procure des satisfactions à la hauteur de celles ressenties par ceux qui accèdent à la plus haute marche du podium. »
Jacques Piasenta regrette la frénésie médiatique et populaire autour du vainqueur et de la médaille au détriment des sportifs tout aussi admirables qui terminent au-delà des podiums.
« Au plus haut niveau international, je cite souvent le cas de Dan Philibert qui a réalisé une très belle carrière sur 110 mètres haies avec de nombreuses finales internationales. Une vraie performance au plus haut niveau. Mais personne ne le connaît parce qu’il n’a jamais gagné une finale mondiale, européenne ou remporté une médaille internationale. Le deuxième est alors considéré comme le premier des perdants. Tout au long de sa vie, on peut développer cette culture de la gagne. Il suffit de se fixer des objectifs. Lorsque l’on ne peut plus progresser, il suffit de modifier son entraînement ou sa discipline tout en adaptant ses objectifs. On peut changer de sport et progresser ou réadapter ses objectifs en fonction du déclin de ses capacités lié à l’âge ou aux obligations professionnelles voire familiales. Il faut aussi que ces objectifs demeurent valables et pas trop faciles à réaliser pour que les atteindre devienne gratifiant. Je prends l’exemple de mon épouse Michelle Chardonnet. Elle a été médaillée olympique sur 100 mètres haies à Los Angeles en 1984. A la fin de sa carrière sportive, elle s’était fixé comme objectif de courir un 100 mètres haies à 40 ans. Son objectif n’était pas de « claquer » un temps sur la distance, mais simplement d’aller au bout de la piste en respectant quelques notions techniques comme le nombre d’appuis entre les haies. Cela peut paraître surprenant pour une ancienne médaillée olympique sur la distance. Elle y est parvenue, et surtout, elle était fière de me montrer sa performance. C’est aussi ce que représente à mes yeux la gagne. La gagne c’est d’abord par rapport à soi-même. La passion doit suffire. »
Un livre pour toutes et tous
Pour réaliser et parfaire sa méthode, celui que beaucoup surnomment « Pia » a su s’inspirer de nombreux domaines sportifs. Les homologues des autres sports ont toujours représenté à ses yeux une source d’inspiration.
« Mon livre offre des idées qui s’appliquent dans tous les domaines. D’ailleurs, il est essentiel pour progresser de s’inspirer de ce que font les entraîneurs et les athlètes des autres sports. Ils développent la même culture de la gagne. Une conception qui est aussi essentielle dans tous les domaines de la vie sociale : en entreprise pour manager une équipe, pour évoluer comme salarié… La progression intègre plusieurs étapes. Il faut être rigoureux sans tricher. Je parle dans le livre de voie loyale sans tricher. Ne pas tricher par rapport aux autres. Le dopage dans le sport n’est pas une solution. C’est un constat de faiblesse. L’entraîneur joue un rôle essentiel sur cette voie loyale. Un proverbe dit qu’il ne faut pas que celui qui apprend à pêcher soit celui qui donne des poissons. Je pense aussi que dans le sport, il ne faut pas que celui qui apprend à gagner soit celui qui donne des poisons ».
Aujourd’hui retraité des pistes, Jacques Piasenta poursuit, à travers les 190 pages de ce livre, sa mission de relayeur de valeurs et de connaissances. Une mission de transmission au centre d’une carrière riche en rencontres et en échanges.
« La différence entre un athlète et un entraîneur, c’est que l’entraîneur peut progresser toute sa vie. Aujourd’hui je n’entraîne plus. Ce qui me manque, ce sont les échanges avec les athlètes. J’ai toujours parlé avec mes athlètes d’autres sujets que l’athlétisme. J’ai toujours passé beaucoup de temps à lire. Dans toutes les circonstances. Les échanges sur divers sujets sont une richesse importante. Tout comme la transmission aux autres. Entraîner est une formidable aventure humaine. Je dois reconnaître que l’on vieillit moins vite avec des jeunes qui « déconnent » à l’entraînement et qui apportent leur fraîcheur. On apprend à tout âge. On peut les initier dans plein de domaines en parallèle du sport. »
C’est une véritable boîte à outils de la gagne que propose Jacques Piasenta aux Editions Amphora. Une expertise claire et illustrée par de passionnantes références d’un entraîneur hors du commun. De nombreuses citations de grands noms du sport, de la littérature, des sciences ou encore des arts rythment les pages de ce livre à découvrir. Une formidable méditation sur sa propre conception du sport et de sa réussite personnelle. Et comme l’affirme Jacques Piasenta dans les toutes dernières lignes de son livre :
« Un sportif et un entraîneur ne valent que par l’idéal, la foi, l’enthousiasme et la détermination qui les animent ».