Le rôle du coach Philippe Saint-André dans le parcours de l’équipe de France lors de cette coupe du monde 2015

– Quel est l’influence des entraî­neurs de l’Équipe de France et sur­tout du sélec­tion­neur Phi­lippe Saint-André dans le par­cours des Bleus ?
L’entraineur est un cata­ly­seur d’énergie, un lea­der cha­ris­ma­tique qui emmène avec lui le staff, l’équipe, le peuple vers la vic­toire. On semble assez loin de cette dyna­mique en ce moment vu de l’extérieur mais on ne sait pas com­ment vit le groupe à l’intérieur…

– Com­ment mettre en place une tac­tique lisible pour les joueurs et les faire adhé­rer à cette stra­té­gie ?
Il faut que ce soit clair dans la tête du sélec­tion­neur et du staff avant de l’être dans celles des joueurs. L’idéal étant d’avoir asso­cié les lea­ders du groupe comme Thierry Dusau­toir ou Pas­cal Papé à la rédac­tion du pro­jet de jeu pour qu’il y ait adhé­sion du groupe et que les lea­ders en soient les relais dyna­miques et convain­cus auprès de l’ensemble de l’équipe.

– Pour­quoi alors le jeu de l’Équipe de France est-il si brouillon depuis 4 ans ?
Parce que le pro­jet n’est pas clair, que les joueurs ne sont pas assez mis à dis­po­si­tion du staff par les clubs et que l’équipe de France n’est pas la prio­rité du rugby français.

– Les obser­va­teurs exté­rieurs cri­tiquent les chan­ge­ments per­ma­nents de joueurs depuis plu­sieurs années et le manque de sta­bi­lité du XV de France. Est-ce un moyen de gar­der sous pres­sion les joueurs pour atteindre une per­for­mance ou est-ce contre-productif ?
Les joueurs fran­çais ne sont pas au niveau des joueurs des nations majeures en terme de maî­trise de leurs postes. Pre­nons l’exemple du poste de demi d’ouverture : on a le choix entre un joueur bon dans l’animation offen­sive mais faible dans l’occupation au pied, ou bon dans le jeu au pied mais qui joue trop loin de la défense adverse, ou encore qui est bon dans les deux registres mais qui défend mal individuellement. On pour­rait prendre les postes un par un et faire ce constat d’une lacune grave pour cha­cun : un talon­neur excellent dans le jeu qui ne sait pas lan­cer en touche, un huit très per­fo­rant en dif­fi­culté pour faire vivre son bal­lon, etc… Philippe Saint-André fait jouer les joueurs dis­po­nibles et en forme du moment pour assu­mer les matchs inter­na­tio­naux. Que peut-il faire d’autre ?

– Un entraî­neur peut-il impo­ser un style de jeu ?
Impo­ser non, par­ta­ger oui. Il part des qua­li­tés et de la culture du groupe et s’y adapte. Les pro­jets de jeu contre-culture ne sont pas viables. Par contre, une équipe de haut-niveau doit pou­voir chan­ger de style sur un tour­noi ou sur une période du match.

– Le French Flair existe-il encore ?
Le french-flair est une inven­tion des anglais pour nous faire croire qu’on est bons… Ça nous a suf­fit pen­dant des années. Avec des relances du bout du monde comme en 1987 face à l’Australie en Coupe du Monde ou en 1994 dans Tour­noi des V Nations en Angle­terre et grâce à quelques exploits reten­tis­sants en Coupe du Monde face à la Nou­velle Zélande en 1999 et en 2007, on a réussi à faire illu­sion voire à être craints par tout le monde. Pen­dant ce temps, les autres nations ont beau­coup tra­vaillé et pro­gressé …. sans nous. Je crois que l’écart s’est creusé entre le top niveau mon­dial et le XV de France. Il n’y a qu’à mesu­rer les pro­grès des Argen­tins, ou des nations qu’on qua­li­fie de petites comme le Japon qui a rem­porté une vic­toire his­to­rique face à l’Afrique du Sud »

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