Judo, pour l’harmonie du corps et de l’esprit

Extraits des Cahiers de Judo laissés par Tadao Inogai (1908-1978)

Sans Tradition il n’y a pas de « Do » (Voie, cheminement de l’homme en quête de soi-même). Sans Kata il n’y a pas de Tradition. Le Judo est une voie où l’homme puise ses forces de progrès dans la valeur éducative d’une Tradition.

Ceux qui ne cherchent qu’à progresser en ignorant la parole des Anciens ne font que s’égarer un peu plus chaque jour. Mais ceux qui croient pouvoir faire l’économie de toute recherche personnelle en se contentant aveuglément d’une Tradition qu’ils ne sentent plus là que pour les protéger dans leur ignorance tournent en rond en ignorant à jamais le véritable but des efforts à faire au dojo. La Voie est à la fois statique (tradition) et dynamique (réalisation personnelle). De ces démarches complémentaires va naître la véritable harmonie intérieure du pratiquant, dans ses gestes comme dans sa pensée, dans tout ce qu’il est et par rapport à tout ce qui l’entoure.

Le Kata est comme pour tout Budo (art martial traditionnel japonais, conçu comme une Voie de perfection) le fil qui relie au passé et celui qui mène à la découverte d’une liberté de pensée et d’action grâce au respect de valeurs universelles et éternelles. Kata veut dire forme fondamentale. C’est le moule d’où est issue la technique de base. C’est pourquoi le déroulement de ces techniques fondamentales doit se poursuivre inaltéré à travers le temps, les modes ou les tendances personnelles. Car la « forme » (mouvement) doit assurer la survie du « fond » (esprit du geste).

Il faut retrouver sans cesse dans le Kata les principes mêmes sur lesquels Jigoro Kano Shihan avait conçu son art :

  • Seiryoku-zenyo : « le meilleur usage de l’énergie » (pour un maximum d’efficacité avec un minimum d’effort, soit l’usage intelligent de l’énergie : céder pour mieux vaincre).
  • Jita Kyoei : « Entraide et prospérité mutuelle » (à travers l’exécution, ensemble, de techniques à valeur éducative).

En progressant réellement dans l’étude des Kata, méthodiquement et sans hâte, le judoka redécouvrira les principes qui ont animé la recherche des vieux maîtres du Ju-jitsu et qui les ont mis sur la Voie de l’Harmonie Universelle.

Extrait des avant-propos de Roland Habersetzer

« Judo Pratique », un classique présent dans cette collection depuis 1981, est un ouvrage posthume de Tadao Inogai Sensei. J’avais illustré les notes du maître avec d’autant plus de respect et de soin que cette « collaboration » fut pour moi un véritable retour aux sources d’une passion qui anime ma vie depuis que j’ai découvert la richesse des arts martiaux de l’Extrême-Orient, et dont la pratique du Judo fut autrefois le point de départ. Le succès, largement confirmé, de ce manuel dont les rééditions successives sont allées et vont toujours à des dizaines de milliers de judokas en France et ailleurs, a montré que la voie de la Tradition n’était pas morte.

Mon travail personnel a simplement consisté à donner vie au texte laissé par le maître et à l’illustrer de manière homogène à travers ces deux ouvrages sur le Judo, à partir de photos et croquis épars, inutilisables en raison d’une qualité médiocre.

Ma plus grande joie et la récompense de ce travail reste d’avoir donné de « l’art de la voie souple » une image fidèle de ce que fut à l’heure des maîtres authentiques cette exceptionnelle discipline du corps et de l’esprit. Celle que voulait donner Tadao Inogai Sensei. Car comme tous les arts du Budo qui sont parvenus jusqu’à nous, intacts grâce aux lignées de maîtres qui ont fidèlement transmis, le Judo est véhicule culturel. Là aussi, pour comprendre la technique au-delà d’une approche superficielle, il faut pénétrer « l’esprit de la technique » .

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