Accrochérisme, la lutte du bout des doigts – Paroles d’experts : Guillaume Morel

Accrochérisme copie

Que ce soit en Penchak Silat ou en grappling, pour prendre deux exemples concrets, on découvre au fil des cours des petits trucs, des petits détails de frappes ou de cibles du corps particulièrement efficaces/sensibles.

Philippe Choisy est, entre autres, instructeur de canne de défense et de pugilat. Il y a un an, il m’avait parlé d’une discipline que je ne connaissais pas : l’accrochérisme. Forcément, cela m’a intrigué et j’ai voulu partager cette découverte avec vous. Questions-réponses avec Philippe :

GMProtegor : Philippe Choisy, nous vous connaissons déjà à Protegor comme enseignant de canne et de pugilat, et j’ai entendu dire que vous pratiquiez également « l’accrochérisme ». Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui se cache derrière ce mot ?
Philippe Choisy : L’accrochérisme, c’est d’abord et avant tout l’art de « faire mal » en utilisant ses doigts ou certains objets usuels. On peut, par exemple, saisir les doigts d’un adversaire à main nue ou avec un objet (briquet, stylo, etc.) pour les pincer, les casser ou pour les immobiliser en causant une douleur ou bien pour créer, par un effet réflexe, une ouverture qui facilitera une projection ou une clef. On peut aussi appuyer sur certains endroits douloureux du corps. Et c’est en plus la façon de positionner ses doigts pour certaines frappes courtes et rapides.

Protegor : Cette « discipline », l’avez-vous inventée ou vous a-t-elle été transmise par quelqu’un ?
Philippe Choisy : Un de mes amis (que connaîtront certains de vos lecteurs), Gérard Lecœur, a écrit un « Guide Pratique du Casse Doigt », publié aux Editions primitives. Il y décrit un art qui était pratiqué dans l’antiquité et dont l’existence a été courte. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette discipline était d’une telle efficacité, tellement rapide, et tellement peu « visuelle », qu’elle privait un public venu de loin (et souvent à pied) du spectacle qu’il était venu voir : les combats s’achevaient parfois en quelques secondes, sans que personne du public ne comprenne ce qui s’était passé…

GM 2Protegor : Très bien, mais si cet art du combat ne vous a été transmis par personne, comment l’avez-vous redécouvert ?
Philippe Choisy : Je suis issu du monde de la lutte et du grappling. Fort de cette expérience, je me suis mis dans la peau et dans la tête d’un lutteur antique pour imaginer tout ce que l’on pouvait faire avec le « bout des doigts ». Je n’ai rien inventé, mais je ne me suis pas arrêté au casse-doigts. Je l’ai étendu aux frappes et aux points douloureux pour, au corps à corps, se mettre en bonne position de projection ou de clefs. Et jusqu’à une extension plus « moderne » qui englobe la manière d’utiliser ces techniques, que dans le cadre de la protection rapprochée.

Protegor : Par exemple ?
Philippe Choisy : La maîtrise de l’accrochérisme permet aussi bien de « dégager » une personne mal intentionnée d’une foule de manière « discrète » que de se rendre compte que la personne que l’on protège est en train de subir une technique similaire (c’est-à-dire invisible au non initié).

GM 3Protegor : Je vous écoute et ce dont vous me parlez me semble assez proche de ce que l’on connaît déjà en aikido ou en jiu-jitsu, non ?
Philippe Choisy : En toute modestie et avec toutes les réserves que cela implique, en aiki, ces techniques ne sont souvent utilisées que pour amener une projection. En karaté, on utilisera ses doigts pour les positionner dans des frappes. Et pour ce qui est de la lutte, la chose est le plus souvent méconnue. L’accrochérisme, en ce qui le concerne, pratique toutes ces techniques mais d’une manière intégrée. C’est pour cette raison que nos entraînements ne durent jamais plus de 45 minutes. La douleur physique et nerveuse monte très rapidement et avec une intensité croissante… Ce savoir-faire, qui est segmenté dans les autres disciplines, j’ai essayé, en toute modestie, d’en faire une discipline à part entière, adaptée au monde dans lequel nous vivons.

(Entretien réalisé pour Protegor par Nicolas Magdelaine)

Pour les personnes intéressées : Philippe Choisy (06 03 90 49 91 ou [email protected])

 

Pour en savoir plus :

Protegor – Guide pratique de sécurité personnelle

Guillaume MOREL, Frédéric BOUAMMACHE

Editions AMPHORA

A735

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Frédéric BOUAMMACHE

Frédéric BOUAMMACHE

Passionné depuis de nombreuses années par les arts de combat, policier de métier depuis plus de 20 ans, Frédéric est féru d'action, de stratégie et de recherches martiales. Adepte de Tradition et d’esprit guerrier, il décide après la ceinture noire de karaté d’orienter sa quête vers des disciplines prônant avant toute chose l’efficacité en combat...et dans la vie. Il se consacre également à des méthodes de renforcement musculaire. Chercheur invétéré, amateur de lectures, il puise la somme de ses connaissances à la source de différentes rencontres et expériences. Chevronné dans plusieurs disciplines martiales, il aime à partager et transmettre autour de sa vision globale du combat et du développement de la personne.

Guillaume MOREL

Guillaume MOREL

Guillaume MOREL, professionnel du conseil pour les médias, pratique les arts martiaux depuis qu’il est adolescent. Ceinture noire de Karaté à 16 ans, il s’est très vite passionné pour tous les arts martiaux & les sports de combat, au travers de la pratique et de nombreuses rencontres d’experts en France, aux Etats-Unis, en Chine et au Japon. Se concentrant depuis 10 ans principalement sur les aspects self-défense que développent ces disciplines et sur les activités annexes comme le secourisme ou le tir, il souhaite qu’un maximum de citoyens s’intéressent à leur sécurité personnelle et à celle de leurs proches.