Optimisez votre respiration et approfondissez : Æquilibrium ! – Parole d’expert : Patrick Guyot

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours constaté sur moi-même comme sur mes clients sportifs de haut-niveau (fussent-ils professionnels), que lors d’un effort important, imprévu voire violent, ou encore sous l’emprise d’une émotion (les deux se conjuguant parfois), la première des réactions physiologiques s’avérait être la modification de notre respiration.

PG

Sachant que durant toute notre vie, comprise entre notre première inspiration terrestre (de nouveau-né) et notre dernier râle (expiration), nous pouvons patienter de longues périodes sur bien des choses par carence (sentiments, sexualité, nourriture, eau, etc.), mais que privé d’air, notre survie ne tient plus qu’à quelques minutes, il peut s’avérer utile d’en prendre acte, au moins lors de nos agissements sportifs.

Paradoxalement, ce changement respiratoire brusque souvent inconscient, et même s’il peut être opportun et inclus dans une métamorphose interne globale naturelle lors d’une réaction immédiate face au stress (action hormonale spécifique comme libération de l’adrénaline, accélération du cœur et du système respiratoire, éveil des sens…), s’avère a contrario plutôt négatif pour la plupart des personnes. A fortiori si elles n’ont que peu de conscience de cet état de fait, ni aucun entraînement lié à leurs ressentis et à l’utilisation de leurs aptitudes.

La maîtrise de la respiration est un atout réel, pouvant grandement aider à la performance et au contrôle de soi.

Dans le cas contraire, une respiration anarchique peut nuire à l’organisme et au cerveau, empêchant ainsi peu à peu toute possibilité de se surpasser, tout en risquant de se mettre en danger si l’environnement s’avère de surcroît hostile.

Partons d’un constat : nombre de pratiquants se mettant en équilibre sur les mains, sur une jambe, sur un Swiss ball ou autre équilibre proposé dans Æquilibrium, changent instantanément, inconsciemment et involontairement le rythme de leur respiration.

La majorité des personnes font dès les premières secondes d’effort, une première apnée qui, en créant une première dette d’oxygène, obligera le corps à prendre rapidement de l’air avant de refaire une éventuelle nouvelle apnée, etc. Ceci a pour effet immédiat de fermer le corps, en empêchant l’air de descendre jusqu’au ventre grâce entre autres au diaphragme.

L’air aspiré trop avidement restera alors essentiellement scapulaire et tétanisera une grande partie du haut du dos et de multiples muscles dès lors appauvris en oxygène. Rappelons que la cellule ne peut engendrer de réaction d’énergie comme par exemple l’ATP, que si elle peut utiliser suffisamment d’oxygène autant avant l’action, qu’ensuite afin de se régénérer et recommencer.

De plus, le corps se raidissant, il interférera d’autant plus négativement sur certaines régions en action, opprimera la gestuelle, annihilera la souplesse et augmentera d’autant le stress vain et interne, qu’il brouillera l‘interprétation des ressentis et du placement postural, etc.

D’autres encore étouffent leur respiration en ne laissant passer l’air que de leurs narines à leur poitrine, et ce en si petite quantité qu’ils se retrouvent trop rapidement diminués, essoufflés et obligés d’accélérer peu à peu leur respiration, alors que l’effort n’en sollicite pas tant. D’où une perte anarchique et exponentielle rapide de leur énergie interne.

Enfin, certains respirent a contrario très puissamment en maintenant leur bouche ouverte et en soufflant parfois très fort, afin de rejeter plus rapidement le gaz carbonique (et aussi de rechercher dans cet acte une forme de stimulation psychique), ce qui est plutôt sain en soi. Le souci, dans cette action volontaire et forcée, est qu’ils n’arrivent que rarement à se relâcher suffisamment avant d’inspirer amplement et surtout sans effort ni perte d’énergie liée à l’acte respiratoire. Ceci est nettement moins sain et cohérent.

La liste des exemples proposés n’est bien sûr pas exhaustive, mais elle regroupe déjà la majorité des cas observés.

Résumons :

Lors d’un mouvement d’équilibre, un effort physique important ou émotionnel, voire les deux en même temps, tend à modifier instantanément notre comportement respiratoire. Ceci agit en perturbant :

– notre cerveau : perturbation du travail interne de coordination, de réflexes, etc., mais aussi lutte vaine contre différentes appréhensions de chutes, blessures, etc., impliquant maladroitement diverses aptitudes mentales comme la volonté, le courage, la confiance en soi, mais aussi rendant indéchiffrable un flot continu d’informations liées au ressenti d’un corps en mouvement ;

– notre corps : contractions musculaires continues ou trop intenses, crispation des appuis, raidissement des fibres musculaires, consommation énergétique excessive, agression des articulations mal positionnées, transpiration, tremblements, fatigue prématurée…

Ainsi, comme vu précédemment, bloquer sa respiration de façon prolongée puis multiplier par force et rapidement des apnées lors d’un effort (en l’occurrence d’équilibre), ou accélérer sa respiration (et donc les battements de son cœur) en ne prenant pas assez d’air sain à chaque fois, ou encore ne respirer qu’en force et uniquement par sa poitrine et a fortiori en pensant plus à souffler fortement qu’à inspirer naturellement sans jamais utiliser son ventre… sont des options certes souvent inconscientes et involontaires, mais qui en plus de vous éloigner de la performance, vous éloignent aussi de l’utilisation optimale de tout votre être.

Action-réaction !

Voyons les choses concrètement :

L’oxygène compris dans un litre d’air n’est que d’environ 23 %. Ceci sous-entend que le plus important est de prendre à chaque inspiration un grand volume d’air afin de pouvoir en prélever suffisamment d’oxygène pour agir. Or ceci ne peut se faire sainement que si votre organisme s’est au préalablement vidé d’un maximum d’air vicié : l’on ne peut remplir un verre plein !

Vous êtes échauffé et déjà en séance d’équilibres spécifiques, ou vous avez pris l’habitude d’incorporer habilement quelques mouvements d’Æquilibrium dans vos séances personnelles, afin de continuer à progresser et évoluer dans vos aptitudes, sans pour autant perturber votre façon de vous entraîner.

Avant d’agir et de vous placer en posture sur les mains, sur votre Swiss ball ou autre équilibre, placez-vous debout en allongement vertical et commencez par prendre quelques secondes pour vous détendre en prenant une simple inspiration par le nez et en gonflant légèrement la poitrine (une fois n’est pas coutume).

Puis laissez votre air sortir naturellement en relâchant vos épaules et continuez à souffler par la bouche, en rentrant doucement mais profondément votre ventre (comme si vous tentiez d’enfiler ce jean qui vous allait si bien, mais qui a dû légèrement rétrécir). Sur cette fin d’effort d’expiration, ressentez le travail de vos abdominaux profonds, comme s’ils aidaient vos viscères à pénétrer en profondeur en arrière de votre ventre, comme s’ils remontaient même doucement en arrière de vos côtes.

Ne forcez pas sur votre poitrine ou votre buste en général, au contraire, décontractez-vous comme si vous finissiez un grand bâillement. Seul l’intérieur de votre ventre agit doucement en repoussant l’air vicié vers votre bouche, le long d’une longue colonne d’air, large, ouverte et chaude. Ressentez cet air chaud sortir profondément de vous comme si, face à un miroir, vous souhaitiez faire de la buée.

*Vous pouvez, si votre niveau vous le permet, vous entraîner à parfois visualiser cet air (lors de petits entraînements respiratoires spécifiques durant quelques minutes) en l’imaginant avec une température, un poids ou même une couleur différents de l’air que vous inspirez et empli d’oxygène.

Puis une fois débarrassé de l’air vicié, relâchez simplement le travail de votre ventre. Ce dernier, tout en reprenant sa place voire en se gonflant légèrement, aidera votre inspiration suivante à se faire ample et paradoxalement sans effort et donc sans gonfler votre poitrine (en visualisation : lors de votre première inspiration, vous pouvez imaginer la voile d’un immense voilier qui se gonfle d’air et de vent, etc.).

Fort de votre nouvelle inspiration, commencez à vous élancer afin de placer votre posture, et ce tout en soufflant (comme un golfeur lance en soufflant, un boxeur frappe en soufflant, un haltérophile déplace la charge en soufflant, etc.).

 

Puis laissez votre respiration s’écouler naturellement sans plus vous en préoccuper, afin de ne pas perturber mentalement l’échange vital entre les ressentis transmis par votre corps vers votre cerveau, et leur utilisation pertinente par ce dernier.

Patrick Guyot

Pour En Savoir Plus:

Æquilibrium

Patrick Guyot

Editions Amphora

A928

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