Reprises, adaptations et transformations d’activités sportives

Rendre stimulantes les séances de préparation physique dépend de la créativité de l’entraîneur. Pour certains : « la préparation physique, c’est de l’athlétisme adapté ou de l’haltérophilie »… une conception réductrice !

D’autres proposent des exercices stimulants et efficaces. Pour cela, ils s’inspirent de diverses activités sportives en cherchant à répondre aux questions suivantes :

  • Qu’est-ce qui doit en être repris ?
  • Qu’est-ce qui doit être adapté voire transformé ?
  • Quelles sont les conditions de l’efficacité du transfert des progrès réalisés ?

Reprises

Pour améliorer leur condition physique et leurs performances, certains pratiquent une activité physique complémentaire{{1}} : course à pied, cyclisme, saut à la corde, musculation, stretching… souvent très différente de la pratique ciblée{{2}}.

Le transfert à la pratique ciblée, des progrès réalisés par l’activité physique complémentaire, dépend de la pertinence du choix de cette activité. C’est le problème du cross-training. Les athlètes de haut niveau n’améliorent pas davantage leur performance dans une activité, qu’en pratiquant cette activité. Ce n’est pas le cas des autres sportifs. Cependant, la reprise peut ne concerner que quelques caractéristiques de l’activité.

Pour assurer le transfert des progrès réalisés, ces caractéristiques doivent le plus souvent subir quelques adaptations.

Adaptations

Il s’agit, à partir d’une activité complémentaire, d’en modifier quelques caractéristiques pour être au plus près de la pratique ciblée :

– les durées (courses fractionnées de 3’ pour les karatékas vs. footing long) ;
– les intensités ou les résistances à vaincre (renforcement au poids de corps chez les gymnastes vs. musculation avec charges lourdes donc lentement) ;
– les fréquences gestuelles (coups occasionnels ou unique des boxeurs vs. répétitions en musculation) ;
– les articulations sollicitées (surtout celles des membres supérieurs chez les kayakistes vs. membres inférieurs en cyclisme sur route) ;
– les amplitudes articulaires (lancer franc des basketteurs vs. renforcement des triceps à la poulie coudes aux corps) ;
– les plans de l’espace des mouvements (étirements des ischios-jambiers et des quadriceps chez les cyclistes vs. étirements visant l’écart facial) ;
– les types de contraction (renforcement en dynamique des abdominaux des volleyeurs vs. sanglage abdominal en statique) ;
– les postures (debout chez les footballeurs vs. assis en vtt).

D’autres caractéristiques doivent être prises en compte : les sources de déséquilibre (surfaces glissantes, vent), les conditions environnementales (température, intempéries)…

Pratiquer une activité physique complémentaire sans l’adapter, c’est prendre le risque de dépenser de l’énergie et du temps à améliorer des qualités physiques sans rapport avec leur expression en compétition. C’est entraîner à autre chose !

Ces contraintes limitent d’emblée le choix des activités complémentaires. La transformation d’activités physiques est alors une alternative.

Transformations

Il s’agit de s’inspirer d’autres activités physiques pour créer de nouveaux exercices. Les conditions de la réussite du transfert des progrès réalisés sont les mêmes que pour l’adaptation d’activités physiques : être au plus près des caractéristiques de la pratique ciblée

– On utilise un engin d’une autre activité physique, mais pour faire autre chose avec (le vélo sert à faire un travail foncier, du fractionné ou de la récupération active).

– On reprend les principes d’une autre activité physique, mais on les applique dans un contexte et avec des engins de l’activité ciblée (fractionner les efforts en durée, ajouter des charges additionnelles, s’échauffer ou s’entraîner en jouant).

– On s’entraîne sur le terrain d’une autre activité physique (course sur piste ou dans l’eau, en plein air ou au contraire en intérieur, exercices de proprioception pieds nus dans un dojo ou sur une poutre basse).

Cependant, certaines connaissances de la culture technique, propre à chaque activité physique, doivent être connues de l’entraîneur :

– les risques liés aux milieux de pratique (terrains de sport) ;
– les gestes techniques ;
– les fréquences gestuelles (fréquence de pédalage en cyclisme) ;
– les intensités et les durées « raisonnables » ;
– les réglages des engins ;
– les consignes de placement, d’exécution, de respiration et de sécurité.

Les risques sont à la fois de ne pas tirer totalement parti de cette nouvelle pratique et plus encore de se blesser.

Conclusion

« L’intelligence de l’entraîneur-expert  » relève notamment :

– de sa démarche d’analyse de l’activité ciblée ;
– de sa créativité ;
– de sa capacité de reprendre, d’adapter voire de transformer ce qui existe ailleurs ;
– d’innover en faisant des détours techniques dont les effets convergent de sorte à servir la performance.

La construction de nouveaux exercices sera toujours inspirée des contraintes liées à la compétition. L’analyse de l’activité ciblée portera en particulier sur les charges, les angles articulaires, les fréquences gestuelles, les vitesses, les durées et les intensités des efforts.

Article extrait du livre : Sport, santé, Préparation Physique (R. Ziane / T. Maquet – Editions Amphora)

Références :

Cornu, C. (2002). Le cross training : de la compétition à l’entretien physique. Sport, santé et préparation physique. Rev. 3 : 6-7.
Ziane, R. (2004). Travail foncier : Vélo ou course à pied ? Sport, Santé et Préparation Physique. Let. 44 : 2.

[[1]]Activité physique complémentaire : autre activité que celle pour laquelle le sportif s’entraîne en vue de réaliser des performances.[[1]]
[[2]]Pratique ciblée : celle pour laquelle le sportif s’entraîne en vue de réaliser des performances.[[2]]

Laisser un commentaire