Ce n’est un secret pour personne : la tendance actuelle est à l’allègement des clubs et plus particulièrement à celui des têtes de Drivers, notamment afin de profiter du principe des masses amovibles qui est le cheval de bataille de la plupart des fabricants de clubs aujourd’hui.
Après le bois, le métal, le carbone et le titane, un nouveau venu vient de faire son apparition au catalogue des matériaux utilisés dans la composition des têtes de clubs : le magnésium.
Il s’agit bien du même magnésium que celui qui se trouve dans les aliments que vous consommez tous les jours, c’est-à-dire le quatrième élément le plus abondant de notre planète et il se révèle être plus léger et résistant que le titane que l’on croyait pourtant indétrônable ! Grace à lui, il est possible de réaliser des clubs tellement légers que l’ajout d’une masse quelconque prend des proportions extraordinaires et entraîne des résultats stupéfiants.
Dans les faits, cela signifie que si l’on ajoute, comme ça se fait actuellement, quelques vis en tungstène (qui est un métal très lourd) sur une tête de club de 350 grammes, l’influence de ces vis sur l’équilibre du club sera très relative. Mais qu’on les insère dans une tête de club de 50 grammes et elles deviendront prépondérantes. C’est ainsi que Phil Mickelson a dit, après avoir testé un prototype de Driver contenant 75 % de magnésium, que « La répartition des masses autour de la zone de frappe est tellement « pointue » avec des masselottes de tungstène couplées au magnésium que le club parvient à dessiner des trajectoires de balle que je n’aurais jamais imaginées possibles ! ».
Alléchant, n’est-il pas ?
Mais où est le hic ?
Pourquoi les fabricants ne se ruent-ils pas sur leur stock de sel de mer pour concevoir et réaliser toutes sortes de clubs faits de cette matière ?
Les plus érudits d’entre nous diront que c’est parce que le magnésium est sujet à la combustion totale, même dans l’eau. À la moindre étincelle, votre beau Driver tout neuf pourrait se mettre à brûler comme une torche et toute l’eau du parcours de Waterville ne suffirait pas à l’éteindre. Et ils ont raison.
Mais comment imaginer qu’une marque aussi célèbre que celle qui a produit ce prototype en magnésium ait investi dans cette voie sans avoir en amont une parade à ce phénomène bien connu ? Cela semble très peu probable et nous sommes en droit d’imaginer qu’une solution aura été trouvée par le biais de l’enduit de finition de la tête du club.
Alors où le problème se cache-t-il donc ?
Comme d’habitude : dans son prix !
Mais pas de la façon à laquelle on l’entend habituellement.
Les calculs sont sans appel : une tête de driver en magnésium affiche un coût de production unitaire qui oscille entre 4 et 6 dollars, soit entre 3,5 et 5 euros. Vous avez bien lu. Il s’agit donc d’un matériau si peu cher qu’il ne laisse de place pour aucune marge du côté du fabricant. Ces derniers n’ont donc aucun intérêt à l’employer.
En résumé, nous sommes là face à un problème rare, aux conséquences plus importantes qu’il n’y paraît. Car nous savons que le magnésium permet d’envisager des clubs beaucoup plus performants mais que les fabricants refusent de l’utiliser car il ne génère pas suffisamment de profits.
Autrement dit, nous pratiquons un sport qui pourrait être moins coûteux (ce qui augmenterait le nombre de pratiquants car, selon tous les derniers sondages américains, le coût du matériel est l’écueil numéro Un à la pratique du golf) et nous pourrions le pratiquer avec de meilleurs outils.
Ce constat n’aide pas à créditer les fabricants de matériel de bienveillance envers les golfeurs.
Il n’incite pas non plus à leur faire confiance pour nous livrer « le meilleur matériel possible ».
Nous leur laisserons malgré tout une ultime chance de nous prouver le contraire, surtout s’ils le font avant de trouver un matériau encore plus « light » mais cette fois au prix « Sumo »…
Pour en savoir plus :
Golf – Le bon matériel
Franck Viau de Caumette
Éditions Amphora