Comme tous les joueurs de golf, vous avez déjà vu vos partenaires s’extasier devant un champion réussissant lors d’un tournoi à bloquer sa balle sur un green en un temps record, en lui imprimant un effet digne des meilleurs rétros du billard artistique.
Cet effet, qui permet à la balle de faire machine arrière une fois posée au sol, a un nom : il s’agit du « backspin » (de l’anglais « back » qui signifie « arrière » et « spin » qui signifie « effet » soit l’« effet arrière »).
À son sujet, tout a été dit, mais les golfeurs se refusent encore à retenir l’essentiel de ce que leur pro leur répète, à savoir que LE BACKSPIN EST UN EFFET INVOLONTAIRE !
De quoi est-il fait, d’ailleurs, cet effet si spectaculaire ?
De la combinaison de plusieurs facteurs eux-mêmes relativement simples, en fait.
En tête de ces éléments se trouve le loft du club. Pour rappel, le loft est l’inclinaison que propose la face du club à la balle. Le loft se calcule en degrés par rapport à la verticale et c’est lui qui décide majoritairement de la hauteur du coup. Or toute balle percutée par une surface inclinée est vouée lors de l’impact à remonter le long de cette inclinaison. C’est cette « remontée » à contresens qui crée l’effet de backspin et il est clair que plus cette inclinaison est importante, plus la balle remontera aisément sur la face du club, créant ainsi un maximum de rétro.
De ce fait, les clubs très « loftés » comme le Pitching wedge ou le Sand wedge se présentent donc comme les meilleurs prétendants à l’effet de backspin, tandis que le Driver, au loft si faible, se positionne d’emblée comme bon dernier de la classe.
Mais d’autres éléments entrent également en ligne de compte. Comme la vitesse de passage du club sur la balle, par exemple. À l’évidence, plus le club va passer « vite » dans la balle, plus celle-ci va remonter rapidement sur la face du club, ce qui lui imprimera ainsi une grande quantité d’effet.
Cette fois les mouches ont changé d’âne et le meilleur prétendant devient soudainement le Driver (c’est-à-dire le club qui passe le plus vite sur la balle) tandis que les Pitching wedges et Sand wedges se trouvent relégués au dernier rang.
Mais, direz-vous, si le Driver est à exclure du fait de son faible loft et si les wedges ne sont pas plus efficaces du fait de leur pauvre vitesse, quels sont donc les clubs qui délivrent le plus de rétro ?
La réponse est simple : les clubs intermédiaires. C’est-à-dire ceux qui ont un loft appréciable tout en passant sur la balle à grande vitesse. Nous parlons donc forcément des fers moyens tels que le fer 8, le fer 7 ou le fer 6.
Certains autres paramètres entrent cependant en compte dans la capacité à créer cet effet. Ils sont beaucoup moins déterminants que le loft et la vitesse et tendent souvent à créer une confusion dans l’esprit du joueur :
- L’angle d’attaque. Plus le club percute la balle « verticalement », plus celle-ci aura de backspin. Les fers courts se prêtent volontiers à cet exercice mais une modification de l’angle d’attaque n’apporte, au mieux, que 10% d’effet supplémentaire.
- La souplesse de la balle. Plus la balle est souple, plus celle-ci va s’écraser sur la face de club et emmagasiner de l’effet. Le backspin est quasiment impossible à délivrer sur des balles trop dures.
- Les rainures ou grooves. Les rainures facilitent l’évacuation des détritus qui pourraient se trouver entre le club et la balle à l’impact et facilitent donc la transmission des effets. Leur apport, qui peut aller jusqu’à 15% par temps humide, est nul par temps sec. Dans ces conditions, rien ne vaut le frottement entre deux surfaces totalement lisses pour imprimer de l’effet.
- La rapidité et la texture des greens. Inutile de prendre en compte un quelconque effet rétro si les greens sur lesquels vous pratiquez sont lents ou durs comme de la pierre. Le backspin prend toute sa signification lorsque la balle rebondit sur des greens relativement souples et suffisamment rapides pour que le moindre effet puisse se transformer en roulement.
Enfin, ne vous laissez pas impressionner par le backspin que les joueurs délivrent lorsqu’ils exécutent des sorties de bunker. Dans ce cas, la vitesse de passage du Sand wedge est très grande puisque le joueur fait glisser son club sous la balle et non pas dans celle-ci.
Pour information, les Drivers les moins loftés (8° ou 9°) délivrent tout de même un effet rétro de l’ordre de 2 000 tours minute…
Dernier argument qui vous fera arrêter de chercher le backspin dans des replis du jeu où il ne se trouve pas : dans les années 80, Greg Norman se plaignait du trop grand rétro que lui imposaient ses coups. Il ne changea pas de swing pour autant mais se contenta de remplacer ses balles « Tour Edition » qu’il jugeait trop souples par des balles plus dures et le problème fut réglé.
Pour les « fanas du spin », je ne peux recommander que de passer par des expériences dans ce domaine-là…
Pour en savoir plus :
Golf – Le bon matériel
Franck Viau de Caumette
Éditions Amphora