Finalités du handball
Le handball est un sport en constante évolution. Apparu sous la forme d’une opposition entre deux équipes de 11 joueurs sur terrain extérieur de football jusqu’en 1966, la discipline a pris un nouveau virage en devenant un sport d’intérieur et en réduisant le nombre de joueurs à 7 (6 joueurs de champ + 1 gardien de but dans une zone qui lui est réservée). C’est un sport collectif dynamique, rapide et de contact.
Les derniers aménagements de la réglementation au handball, datant de 1996, incitent de plus en plus au jeu rapide sur grand espace a contrario du jeu plus « figé » près de la zone, proposé lors de ses débuts en salle. Le type d’affrontements rencontré n’est donc plus systématiquement celui de deux blocs de joueurs autour de la surface de but, mais peut être également un jeu de gagne-terrain où d’autres qualités motrices et physiques jouent aussi un rôle majeur.
La morphologie et les qualités intrinsèques du joueur varient en fonction du poste où il évolue. Dans un contexte de performance, il semble indispensable de s’appuyer sur des attentes particulières liées au poste de jeu, qui peuvent se différencier en 5 groupes (pivot, ailier, demi-centre, arrière, gardien). Par exemple, concernant l’action motrice « engagement et fixation », son importance apparaît plus significative pour un arrière que pour un pivot. Ou encore, l’action motrice « arrêt de déplacement » reste plus conséquente pour un pivot que pour les autres joueurs de champ.
Fondamentaux et principes d’actions
Du fait de la variété des profils de son équipe (morphologie, qualités athlétiques, ressources tactiques et mentales, etc.), il conviendra à l’entraîneur d’établir un projet de jeu en adéquation avec ses joueurs tout en tenant compte du contexte de la compétition et des adversaires présumés.
Ainsi dans l’espoir de constituer l’équipe la plus performante possible, il s’avère primordial de tenir compte des différents facteurs qui l’entourent. On se concentrera sur les qualités propres du joueur (pouvant être différentes en fonction du poste) : ses capacités athlétiques (endurance, force, vitesse, explosivité, souplesse), ses ressources techniques et son savoir-faire tactique ainsi que ses aptitudes psychologiques. On prendra également en considération l’environnement qui entoure le groupe, à savoir la compétition disputée, l’adversaire rencontré, sans oublier un facteur indirect incorporant les médias, le public, l’histoire du handball et celle de son club.
Sur la base d’un projet de jeu collectif, rappelant la physionomie de l’effectif, le calendrier général de la saison faisant apparaître les rencontres importantes, les ressources techniques et tactiques envisagées, il sera alors possible d’établir un plan d’action permettant la mise en place de cycles de travail d’un point de vue physique (force, vitesse, explosivité, endurance) mais également tactique (dispositifs défensifs, enclenchements offensifs, etc.).
Dimensions de la performance au handball
• Bioénergétique : de par sa diversification des modes de jeu et de la durée d’une rencontre (60 minutes), le handball fait appel aux différentes filières énergétiques. Il conviendra de développer la filière aérobie (augmentation de l’oxydation des muscles et meilleure efficacité du travail cardiaque) en s’appuyant sur la VO2max des joueurs afin d’adapter la vitesse de travail à chacun. Afin de mesurer cette VO2max et d’en déterminer la Vitesse Maximale Aérobie, il est intéressant d’utiliser l’Intermittent Fitness Test 30-15 de Martin Buchheit, test adéquat aux disciplines nécessitant des efforts intermittents. Une bonne VO2max va notamment permettre de mieux supporter les charges d’entraînement. Il faut noter que le handball nécessite la reproduction d’efforts courts et explosifs sur la durée totale d’un match. Par conséquent, le travail de la filière anaérobie reste régulier et quotidien.
• Physique : le joueur de handball est un athlète nécessitant une préparation physique complète : membres supérieurs, membres inférieurs, gainage et motricité. En fonction du poste, certaines aptitudes apparaîtront plus importantes que d’autres. Par exemple, la vitesse, l’explosivité et l’agilité d’un ailier prévaudront sur sa force (qui tiendra en revanche une place plus importante pour un arrière). La préparation physique doit donc prendre en compte l’ensemble des groupes musculaires du corps et pourra se personnaliser en fonction des attentes spécifiques pour un groupe de joueurs. La vitesse nécessitera autant un travail sur la course que sur les tirs. La détente est une qualité importante chez le handballeur, des exercices d’explosivité contribueront à son amélioration. Le handball restant un sport de contact, le renforcement musculaire (force et puissance) est primordial autant pour la performance que pour l’intégrité physique du joueur.
• Technique : comme sur le plan physique, la diversité des postes implique une variété d’exercices techniques qui peuvent être proposés à un joueur. Lors d’un match, un pivot et un arrière seront bien plus souvent confrontés à des duels et des « un contre un » qu’un ailier qui devra faire preuve d’explosivité et de vitesse pour le jeu sur grand espace. En théorie, le demi-centre quant à lui réalisera un nombre bien plus conséquent de passes lors d’une rencontre que ses coéquipiers. Le gardien de but, moins sujet aux courses, devra en revanche faire preuve d’une grande agilité, d’une grande souplesse et d’une résistance importante aux impacts. L’aspect technique se diversifie également là en 4 ou 5 groupes (le demi-centre pouvant sur certaines situations être confondu avec les arrières). Dans l’absolu, le tir, la passe, le « un contre un », la fixation, l’induction et le débordement sont des éléments techniques incontournables en attaque. Tout comme la neutralisation, la dissuasion, le harcèlement, l’interception et l’entraide le sont en défense.
• Psychologique : chaque sport collectif doit être attentif à deux facteurs. L’un concerne la psychologie propre du joueur, l’autre correspond à l’association de ces différentes personnalités faisant appel à une cohésion de groupe. Il est important de définir avec le joueur des objectifs individuels, lui exposer ce qu’on attend de lui. Il est nécessaire également de présenter les objectifs collectifs, définir les règles de fonctionnement de la vie du groupe. La préparation mentale peut ainsi s’appuyer sur des éléments concrets et définis au début d’une saison, cela n’empêchant en rien l’évolution de ces objectifs individuels et collectifs au cours de celle-ci. On attend souvent d’un joueur qu’il soit combatif, discipliné, altruiste et qu’il puisse s’auto-analyser. À la différence de l’athlétisme où l’athlète est confronté à une activité psychomotrice, la présence combinée de partenaires et d’adversaires, le joueur de handball est lui confronté à une activité socio-motrice, d’où l’importance d’analyser l’impact produit par cet environnement.
• Tactique : le handball est un sport faisant appel à de la stratégie. Connaître la dialectique handball, les outils adéquats en fonction de telle ou telle situation, permettra d’établir des diagnostics, d’effectuer la mise en place d’actions répondant à une problématique sans cesse en évolution. Il convient de prendre en compte le potentiel de son équipe et de ses joueurs afin de les mettre dans une situation leur permettant d’être les plus performants possible. En défense, on définit différents dispositifs (0-6, 1-5, 2-4, 3-3, 3-2-1) et différents systèmes (homme à homme, zone, mixte) permettant des interactions distinctes entre les joueurs. En attaque, il est courant de faire évoluer le sens de la circulation de la balle ou des joueurs afin d’accéder au tir dans des conditions privilégiées. Le jeu se déroule également beaucoup sur grand espace, du coup les capacités de vitesse, la qualité des transmissions ainsi que la lecture de jeu deviennent des éléments précieux dans la construction d’un projet de jeu sur grand espace.
• Bio-informationnelle : la dimension bio-informationnelle correspond à la prise d’informations et à son traitement. On peut différencier la perception visuelle (observation de son champ d’action) de la perception proprioceptive (la connaissance de soi-même et de ses sensations) dans un environnement particulier. Le joueur, au cours d’un match, enregistre des informations car il voit, mais aussi parce qu’il ressent notamment au travers des contacts avec ses adversaires. La répétition et la diversification des problèmes (techniques et tactiques) posés à un joueur à l’entraînement, enrichissant au passage son expérience, vont contribuer à l’amélioration de cette dimension bio-informationnelle afin d’obtenir un traitement plus rapide et mieux adapté dans une situation similaire à l’avenir. On parlera ainsi plus familièrement de lecture de jeu.
• Biomécanique : de par la mécanique de l’anatomie, tous les handballeurs peuvent réaliser des mouvements similaires mais plus ou moins limités dans leur amplitude, leur flexibilité, leur vitesse,… En revanche, tout le monde ne possède pas forcément la même laxité, le même gabarit, les mêmes fibres musculaires, etc. La quantité des mouvements qu’une personne peut réaliser reste sensiblement la même d’un individu à un autre, en revanche la qualité de la réalisation dudit mouvement ne produira pas le même effet. Par conséquent, les manières de se déplacer, de tirer ou de passer resteront sensiblement les mêmes d’un joueur à un autre et se différencient plutôt par rapport aux possibilités et qualités morphologiques de l’athlète.
• Morphologique : même si l’on peut rencontrer à haut niveau des exceptions d’un point de vue morphologique (par exemple le demi-centre suédois Lubjomir Vranjès qui malgré ses 166 cm s’est illustré au plus haut niveau), des profils se généralisent en fonction des postes. La taille et une envergure conséquentes sont des éléments importants dans la détection des gardiens de but ; tout comme la rapidité, l’explosivité et la détente sont des atouts essentiels chez un ailier. Sur la base arrière, la taille et la détente font également partie des qualités les plus observées. Le poids peut aussi être un élément déterminant pour les pivots, contraints constamment au rapport de force. Mais il est surtout pris en compte pour son influence sur la performance sportive, d’où l’importance de s’intéresser à la masse grasse, mais aussi à la masse maigre du handballeur. Toutefois, la recherche du joueur complet, c’est-à-dire possédant des qualités de vitesse, d’explosivité, de force et de puissance associées à un gabarit athlétique imposant, apparaît souvent comme prioritaire.
• Diététique : comme dans la grande majorité des sports, l’alimentation interagit directement sur la performance de l’athlète puisqu’elle lui fournit son énergie. Il est donc nécessaire de respecter les grands principes physiologiques de base (hydratation, fréquence des repas, etc.). La nutrition doit également être adaptée à la dépense énergétique et tenir compte de la déshydratation liée à la transpiration ainsi qu’à la fréquence des entraînements. Il est par ailleurs recommandé d’élever les apports énergétiques en fonction de la charge de travail. Pour l’apport glucidique, il est conseillé d’utiliser des produits céréaliers complets (pain complet, riz complet, pâtes complètes). Au niveau des lipides, il faut privilégier les acides gras oméga 3, importants pour le bon fonctionnement du cœur, des muscles et autres tissus. Enfin l’apport protéinique est essentiel au tissu musculaire, les œufs, poissons et viandes maigres restent privilégiés.
• Réglementaire : comme dit précédemment, la réglementation du jeu est en constante évolution, cela pouvant être pour des raisons diverses. On a vu apparaître la règle dite de « l’engagement rapide » permettant de développer le jeu sur grand espace pour une approche certainement plus spectaculaire de la discipline. Par conséquent, on a vu ensuite une augmentation de la sévérité des sanctions (par exemple, un gardien de but qui sort de sa surface et qui rentre en contact avec un joueur adverse n’est plus simplement exclu pour 2 minutes, mais se voit directement sanctionner d’un carton rouge). Ces nouvelles règles intègrent la protection du joueur. Les handballeurs allant plus vite, prennent alors plus de risques et sont par conséquent plus exposés au danger, d’où l’importance de réguler la réglementation en fonction de l’évolution souhaitée. Plus récemment, un troisième « temps-mort » est à la disposition de l’entraîneur, rendant souvent plus attrayant l’approche tactique dans les moments décisifs de fin de match.
• Environnementale : le handball est le deuxième sport scolaire le plus pratiqué en France (après le badminton et avant le basket). Il bénéficie donc d’une popularité importante auprès des écoliers, même si l’animation scolaire diffère souvent de celle proposée en club, son implantation reste un atout non négligeable. Les excellents résultats des sélections nationales sur la scène internationale contribuent au développement de notre discipline (médiatique, professionnalisation, attrait du public). En parallèle de quoi, la réalisation du projet des grandes salles, plus communément nommées « Arenas », joue un rôle important de transition vers un handball professionnel tourné vers le sport-spectacle. La prudence reste cependant de mise car la jeunesse du « handball professionnel » à travers ses ligues (LNH et LFH), implique des changements de comportements (comme en atteste les dérives possibles liant sport et argent) et des évolutions des modes de fonctionnement (création des sociétés sportives). Le handball est désormais aux portes du sport-spectacle professionnel pour le grand public, il ne tient qu’à ses acteurs de continuer à le conquérir.