« Libérez-vous du Judo classique » donnerait en anglais « Liberate yourself from Classical Judo », un peu comme le titre du célèbre article qui participa à la révolution des arts martiaux dans les années 70, signé par Bruce Lee.
Cet article se trouve en ligne sur le site de son éditeur, BlackBelt, et explique l’importance de suivre sa propre Voie et de ne pas coller à un maître, à une discipline, mais au contraire de s’enrichir de différentes expériences, pédagogies et techniques. Le professeur, l’art martial, sont un chemin, une direction, mais pas un aboutissement en soi. Imaginez le pavé dans la marre à cette époque…
« One cannot express himself fully when imprisoned by a confining style. »
« On ne peut pas s’exprimer entièrement en restant emprisonné dans un style. »
Pourquoi reparler encore une fois de ce « vieil » article aujourd’hui ?
Car quand on lit les récents écrits du Monde sur le Judo (et ici aussi), où il est dit que les cadres du Judo souhaitent empêcher l’ouverture de leurs pratiquants à d’autres disciplines (les compétiteurs, en faisant pression sur leur appartenance à l’Equipe de France, et les professeurs en partant en guerre contre les clubs ouvrant des sections « MMA »), on a l’impression de faire un saut de plus de 40 ans en arrière, et l’article de Bruce Lee sonne tellement frais, tellement juste… et les décisions de la FFJDA tellement poussiéreuses et irrespectueuses de ces principes des arts martiaux (la nécessité d’ouverture cross-disciplines, la liberté) soulignés par celui qui en fut le meilleur promoteur et qui leur apporta tellement de « licenciés ».
Quelle honte, 40 ans après, de n’avoir toujours pas compris que les pratiquants s’enrichiraient plus en pratiquant différentes disciplines. Enfin, il ne s’agit sûrement pas d’un problème de compréhension… mais alors quelle honte de vouloir emprisonner les compétiteurs et les professeurs qui ont fait et font cette discipline qu’est le Judo. Tout faire pour les empêcher de pratiquer d’autres disciplines, d’autres distances de combat, d’autres règles de combat, d’autres techniques… a-t-il un intérêt pour ces compétiteurs et ces professeurs en tant que pratiquants d’arts martiaux ?
Pourquoi parler Judo et MMA dans un blog sur la self-défense et la sécurité personnelle ?
Les principes d’ouverture multi-disciplines sont le fondement du MMA mais aussi de la self-défense. D’ailleurs, la pratique de Bruce Lee s’articulait principalement autour de deux axes, sportifs (type « MMA ») et self-défense, tout en gardant un profond respect des arts martiaux traditionnels… comme d’autres disciplines aujourd’hui (je pense au Pankido par exemple, et entre autres). Et d’ailleurs, pour en avoir débattu avec le rédac’ chef de BlackBelt, le marché américain des arts martiaux est désormais complètement dans cette double tendance de développement :
1 – développement sportif avec le MMA qui rassemble toutes les distances de combat et les principales formes techniques (préhension, percussion, lutte…) ;
2 – développement pratique avec la self-défense qui travaille sur l’arsenal des techniques « efficaces », certaines techniques étant impossibles en compétition, et aussi sur les armes.
Le livre PROTEGOR était dès sa conception cross-disciplines car la motivation de l’initiative, au-delà de la promotion de la sécurité personnelle et de la self-défense auprès d’un maximum de personnes, était de casser les silos qui existent dans les arts martiaux. Je supporte toutes les initiatives permettant de casser la segmentation extrême de nos disciplines. J’ai toujours trouvé triste que la majorité des Judoka, y compris ceintures noires et gradés, n’ait aucune culture sur les autres arts martiaux. Mais si en plus leur fédération en rajoute pour les enfermer, c’est la mort des Judoka en tant que pratiquants d’art martial.
Judoka, libérez-vous, allez essayer d’autres disciplines (quelles qu’elles soient), et revenez au Judo ensuite comme on revient à ses premiers amours (mais avec un état d’esprit différent). En tout cas, le « Pays du Judo » ne doit pas être une dictature, les Judoka ne sont pas des serfs.
Pour en savoir plus :
Protegor – Guide pratique de sécurité personnelle
Guillaume MOREL et Frédéric BOUAMMACHE
Editions Amphora